Chargement en cours...

Le sens du vent

2021-03-17

Série photographique numérique plein format, argentique 6x7, île de Ré hiver 2020-2021

Le sens du vent est une documentation photographique du paysage de l’Ile de ré prise durant l’automne et l’hiver 2020-2021. Je voulais poser le regard sur l’élément primordial qui façonne notre monde : le vent. Autant par son absence qui arrête le temps, que par sa présence qui façonne et dirige le paysage, le vent est partout présent et passé. Il est une trace immatérielle qui pénétre tout, renverse les plus hauts arbres, traverse les frontières.

Comme un souffle qui vient de nul part il vient aussi de tout, de l’équilibre de l’air. Ce constat vient du regard mais trouve son écho dans plusieurs livres, d’auteurs comme Alain Damasio ( La Horde du contrevent, Les Furtifs ) ou comme François Cheng ( Cinq médiations sur la beauté ). L’élément déclencheur ne vient pas de l’île de Ré mais du Bourbonnais en centre France lors d’un dessin d’observation. J’ai senti et retranscrit dans un dessin, vif, à peine quinze minutes, un paysage battu par le vent. J’aime beaucoup ce dessin car il ne trace aucune séparation (ce qui me semble être le point de vue absolu de l’observation). Le papier kraft se mute en herbe, l’herbe en maison de pierre, la pierre en arbre, l’arbre en nuage, le nuage en ciel, le ciel en papier kraft de nouveau. Tout allait dans un seul sens, celui du vent, comme une direction qui fait sens.

Le paysage de l’île de Ré, sculpté par le vent, me semblait être un lieu idéal pour révéler ce phénomène. D’autant plus intéressant que la position de ses habitants est ambigüe vis à vis de cet élément. Il chasse les nuages, apporte le soleil et un air pur, assèche les marais et le sel, pousse les voiles. Mais c’est aussi lui qui pousse les vagues, casse les digues, désagrège les constructions.

Partant d’un point de vue romantique, je souhaiterai aussi que cette série nous questionne sur notre rapport au paysage. Comment nous le travaillons, comment nous composons avec un élément si impitoyable et si beau que le vent qui vient entre autre de notre propre souffle ?