L’odeur de purin se dissipe.
Peu à peu une odeur de bitume la remplace
ou d’essence.
Quelque chose qui étouffe et qu’on ne peut pas éviter,
puisque l’on marche au bord des routes.
Aucun chemin n’est disponible.
Tout est constitué de barrières.
La propriété est partout et les limitations infinies.
L’espace est large.
On pourrait dire qu’on a la place de respirer et de voir,
mais ce n’est plus le cas.
Les préfabriqués et les bureaux,
la zone logistique entière,
ont bouché l’horizon.
L’acoustique est envahie de voitures,
ce n’est plus qu’elles que l’on croise lorsque l’on est à pied.
Lorsque l’on est à pied,
on ne fait plus de rencontres.
On a conditionné notre déplacement,
et notre liberté est amoindrie.
L’empressement est généralisé,
et le gain de temps est un but.
On a décidé de créer un espace utopique.
C’est à dire un espace qui n’existe pas,
qui devrait exister ;
pour ceux qui pensent qu’il y a une utilité dans cela.
Il y a en effet une utilité.
Primauté de l’utilité et du fonctionnalisme,
qui justifie,
tout.
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Un chat mort sur le bord de la route comme seul signe de vie.
Des arbres plantés en ligne.
Sur la route infinie,
seul prometteur d’horizon,
qui reste bouché,
par des architectures qui n’ont aucun sens,
sinon la fonctionnalité et le mauvais goût.
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Le son se mélange.
Un ballet mécanique composé de voiture et d’avions,
dans lequel, quelques chants d’oiseaux se distinguent.
Car elle est là tout autour de nous,
cette nature si bien dirigée,
si bien transformée,
à nos volontés et nos désirs,
qui n’ont rien de volonté profonde,
mais simplement de subvenir à nos besoins.
L’architecture est composée de béton,
de matières plastiques,
de taules et de vitres,
qui n’ont qu’un seul objectif :
refléter l’extérieur,
alors que tout s’oppose,
rien ne se reflète,
et là-dedans il n’y a que propriété privée
et négation de l’altérité.
Ces vitres sont opaques,
et pourtant reflètent.
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Les seuls visages que je vois,
sont les pare-chocs des voitures.
Leurs yeux sont les phares.
Pour une clio, ses yeux sont gentils, pleins de tendresses.
Pour les citroëns pleins d’agressivités.
Et les jeeps sont très niaises.
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Un parc perdu entre les routes,
composé d’arbres,
plantés eux aussi par la main de l’homme.
Bien ordonnés, et suffisamment espacés
pour que la vue puisse voir les flots incessants de voiture.
Et la route seul guide,
seul itinéraire que l’on puisse maintenant comprendre,
après avoir perdu les quatre points cardinaux.